Question :
Assalamou alaykoum Cheikh. Est-ce vrai que l’imam Abou Hanifa autorise le riba dans un pays non musulman ?
Réponse :
عليكم سلام و رحمة الله و بركاته
Allah -عز و جل- dit dans les versets 275 à 279 de la sourate 2 : Ceux qui mangent [pratiquent] de l’intérêt usuraire ne se tiennent (au jour du Jugement dernier) que comme se tient celui que le toucher de Satan a bouleversé. Cela, parce qu’ils disent: « Le commerce est tout à fait comme l’intérêt. » Alors qu’Allah a rendu licite le commerce, et illicite l’intérêt. Celui, donc, qui cesse dès que lui est venue une exhortation de son Seigneur, peut conserver ce qu’il a acquis auparavant; et son affaire dépend d’Allah. Mais quiconque récidive… alors les voilà, les gens du Feu ! Ils y demeureront éternellement.
Allah anéantit l’intérêt usuraire et fait fructifier les aumônes. Et Allah n’aime pas le mécréant pécheur.
Ceux qui ont la foi, ont fait de bonnes œuvres, accompli la Salat et acquitté la Zakat auront certes leur récompense auprès de leur Seigneur. Pas de crainte pour eux, et ils ne seront point affligés.
Ô les croyants ! Craignez Allah; et renoncez au reliquat de l’intérêt usuraire, si vous êtes croyants.
Et si vous ne le faites pas, alors recevez l’annonce d’une guerre de la part d’Allah et de Son messager. Et si vous vous repentez, vous aurez vos capitaux. Vous ne léserez personne, et vous ne serez point lésés…
De même, le Prophète ﷺ a informé que l’usure est une cause de châtiments dans la tombe comme l’a rapporté Alboukhari (#1386) selon Samora رضي الله عنه…
C’est pourquoi, l’ensemble des écoles sont unanimes (sauf un avis d’Abou hanifa) sur l’interdiction de pratiquer l’usure que ce soit dans les pays musulmans et dans les pays non-musulmans…
L’imam Abou Hanifa رحمه الله était d’avis que l’usure peut être permise, mais sous certaines conditions que malheureusement la plupart des gens qui disent se référer à son avis ne prennent pas en compte. Ce qui montre que ces personnes sont soit ignorants du réel avis de l’imam Abou Hanifa sur le sujet ou soit suivent leurs passions et non l’imam Abou Hanifa رحمه الله…
Les conditions pour l’imam Abou Hanifa sont de trois :
- que le musulman se trouve dans un pays en guerre avec les musulmans (dar harb) et non dans un pays non-musulman avec des accords de paix avec les pays musulmans…
- que ce soit le musulman qui prenne les intérêts et non lui qui les donne…
- que le contrat soit effectué dans la terre en guerre…
(Référence hanafite Almabsout 56/14)
Voilà ce qui explique que si une personne veut appliquer la fatwa d’Abou Hanifa, il faudrait d’abord qu’il dise se trouver dans une terre en guerre avec les musulmans et non dans une terre non-musulmane où il est entré avec des accords de paix entre lui et son pays d’origine tels que les visas, ect… et il ne lui serait malgré tout pas permis d’acheter un bien à crédit car ce serait lui qui donnerait les intérêts et non lui qui les prend…
Parmi les récits sur lesquels s’est appuyé l’imam Abou Hanifa et ceux qui l’ont suivi ce qui est rapporté de Makhoul رحمه الله : Il n’y a pas d’usure entre un musulman et un combattant ennemi dans une terre de bataille…
Cependant, ce récit est faible car Makhoul n’a pas rencontré le Prophète ﷺ et c’est pourquoi, l’imam Shafii رحمه الله dit dans Alomm (7/358) : Ce sur quoi s’est appuyé Abou Youssof pour étayer l’avis d’Abou hanifa n’est pas confirmé et c’est pourquoi ce n’est pas un argument en soi…
و الله أعلم